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Avez-vous l'âge pour ce poste* ?

Une fois n’est pas coutume, je vais vous raconter une histoire, celle de Léo, le brillant jeune homme qui voulait aller trop vite.

Il était une fois…


Il y a quelques mois, je reçois un coup de fil d’un monsieur qui se présente comme le papa de Léo. Léo a 26 ans et il est à la recherche d’un premier CDI. Il a effectué une bonne école de commerce et un an de CDD dans une entreprise d'importation. Et il ne veut plus travailler à moins de 30 000 euros par an. Son père m’explique que Léo est très sûr de lui et que sa fierté lui interdit de gagner moins que sa compagne qui jouit d’un bon salaire.


Cet homme m’explique que lui-même et son épouse disposent de très bons revenus et que Léo a été habitué à un certain niveau de vie. Que Léo ne se considère plus comme débutant et n’accepte donc plus un salaire de junior.


Ce père attentionné veut lui offrir des séances de coaching pour le préparer au mieux. Et enfin, il me précise que Léo est un garçon intelligent… Je n’ai jamais entendu un parent dévaloriser son enfant devant un tiers, mais la suite va donner raison à ce papa.


Pour tout vous dire, je n’aime pas trop les appels des parents à la place leur enfant. Surtout quand ceux-ci ont 26 ans. Je redoute que cela puisse cacher quelque chose, mais je ne suis pas psychologue et ne m’aventure pas sur ce terrain.


J’écoute le papa et je lui explique que généralement cela se déroule rarement bien quand les parents m’appellent pour que je coache leur enfant. L’enfant n’est souvent pas au courant de cette première démarche et cet enfant, qui est désormais un adulte, n’aime pas que ses parents décident pour lui. Et les quelques expériences que j'ai pu vivre avec ce schéma parent/enfant/élève n'on pas été une réussite.

Si de mon côté, je pressens que de l’argent sera perdu et du temps gaspillé, je décline le contrat.

A 20 ans on cherche un travail, à 30 ans un travail qui plait et à 40 ans, un bon salaire.

Mais sentant ce père aux abois, je lui fixe deux conditions pour m'occuper de son fils.

La première que son fils m’appelle pour que nous puissions parler entre adultes de son parcours et de ses projets.

Concernant la seconde condition, j’explique au papa, que c’est au fils de payer les séances. Qu’on ne s’investit pas de la même façon quand on paie de sa poche. Je lui dit que c’est la meilleure façon d’aider son fils. Je suis prêt à lui offrir le tarif étudiant, mais que je dérogerai pas, le fils doit payer ses séances.


Pendant quelques échanges, le père essaie de me faire changer de posture sur le paiement. Je ne bouge pas d’un pouce, c’est ça ou rien. Je lui demande de parler à Léo de la démarche et lui dit que j’attends le coup de téléphone de son fils. Et lui fait comprendre qu'en temps normal notre conversation serait terminée.


Quelques heures plus tard, le téléphone sonne. C’est Léo. Le court délai entre les deux coups de fil laisse imaginer l’intensité du débat familial.


Je commence par le rassurer: "c’est votre papa qui m’a appelé le premier, mais nous sommes entre adultes et je m’engage à la discrétion la plus absolue. Rien de ce que nous dirons n’ira aux oreilles de votre père".

J’ai la faiblesse de penser que cette première parole l’a mis en confiance.


Il m’explique son parcours universitaire et professionnel. Il a donc travaillé un an pour une entreprise internationale, réalisé une partie de ses études en Allemagne et maitrise quatre langues. Et me confirme qu’il ne répond pas aux offres d’emploi sur lesquelles ne figurent pas le salaire ni à celles dont celui-ci est inférieur à 30 000€/an. Je lui rappelle les règles que nous avons fixées avec son père. Il est d’accord.


J’en profite pour lui glisser ce que j’ai souvent observé dans le monde du travail : "A 20 ans, on cherche un premier emploi. A 30 ans, on cherche un travail qui plait. A 40 ans, on veut à gagner de l’argent". Cela le fait rire. Il me dit qu’il n’avait jamais vu ça comme cela, mais que cela lui semble logique. Ce challenge commence à se présenter sous un meilleur profil. Le père a raison, son fils est intelligent. Nous allons pouvoir dérouler ma méthode.


"J'ai pris du plaisir pendant les entretiens"

Plus les élèves sont jeunes, plus ils sont enthousiastes et réactifs. J’ai à chaque fois l’impression de piloter une formule 1. Ils me font confiance très rapidement et dès que j’appuie sur l’accélérateur, ils délivrent toute leur puissance et quand je donne un petit coup de volant, ils me suivent avec précision.


Léo a progressé très rapidement. Comme il m’a avoué un peu plus tard : "J’étais complètement à côté. Je ne savais pas que je faisais toutes ces erreurs lors de mes entretiens. De plus, tu m'appris des trucs qui me serviront dans ma carrière."


Il m’a tenu au courant de ses entretiens. Il a été convoqué par quatre entreprises en un très court laps de temps. Et un midi, je reçois un sms : "Puis-je t’appeler ? J’ai une bonne nouvelle". Et il m’explique qu’il est pris dans les quatre entreprises. Qu’il n’a pas choisi celle qui offrait un salaire à plus de 30 000€ par an. Non, il a opté pour celle à 25 000€, parce qu’il a senti que l’ambiance lui plairait davantage. Il convint que j’avais raison pour le salaire et qu’il verrait cela plus tard.


Et juste avant de raccrocher, il me dit : "ah, j’allais oublier. J’ai été surpris pour la première fois de prendre plaisir pendant des entretiens. Tu m’as donné de la méthode, ce qui m’a permis d’être à l’aise, détendu et en confiance». Mission accomplie pour ma part.


Oui, c’est vrai, une fois les bonnes techniques acquises, un entretien peut vite s’orienter vers une simple conversation à bâtons rompus entre professionnels. Et là, c’est (presque...)gagné.


* Contrairement à mes autres articles, celui-ci raconte l'histoire d'un de mes coachings. Il ne s'appuie pas sur la lecture d'un livre qui lui-même s'appuierait sur une documentation scientifique. Bref, cet article est porteur, de façon assumée, de toute ma subjectivité.

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