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Comment se jouer des préjugés lors d’un entretien d’embauche

Les préjugés sont tenaces. Au quotidien nous devons composer avec nos préjugés et ceux des autres. De tout temps, les préjugés ont pris place lors des recrutements. Les personnes de couleur le savent mieux que tout autre. Conseils...


Si l’on en croit le dictionnaire le préjugé est "une croyance, une opinion préconçue souvent imposée par son milieu, son époque. C’est un parti pris". Le préjugé nous donne un avis sur un sujet que nous ne connaissons peu ou pas. Einstein disait qu’il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé.

On peut facilement confondre les notions de préjugé et de biais cognitif.


Préjugés et biais cognitifs peuvent influencer profondément le processus de décision d’un jury de recrutement. Il est donc important de les avoir en tête lorsque l’on se prépare à ce genre d’exercice. Nous avons vu dans un précédent article la notion de biais cognitifs (effet de halo), aujourd’hui regardons le rôle des préjugés lors d’un entretien de recrutement.



Des études scientifiques parfaitement documentées montrent que les recruteurs ont tendance, par exemple, à recruter plus facilement une homme si ce métier est plus facilement réservé aux hommes, …, même si les approches ont bien évolué.

De la même façon, ces études montrent que l’on recrute plus facilement une personne qui nous ressemble : une femme si on est une femme, un noir si on est noir, un ancien d’une école par laquelle vous êtes aussi passé.


Une étude sans équivoque

Mais comment la présence de ces préjugés et de ces biais peuvent vous aider à vous préparer aux entretiens ? Vous avez peut-être lu les conclusions de cette étude parue il y a quelques années. Elle résultait d’un expérience menée par des journalistes. Elle consistait à envoyer des CV avec des noms à consonance africaine, munis avec des photos d’africains ou d’africaines. Un autre groupe de CV étaient envoyés, seuls les noms et les photos avaient été européanisés. Les compétences avancées restaient les mêmes.


La conclusion était sans appel, il est plus difficile d’obtenir une convocation si la photo du CV montre un ou une africaine et si le nom laisse sous-entendre une même provenance. Sans surprise, les recruteurs sont victimes de préjugés, souvent sans même s'en rendre compte.

Comment faire dans votre cas ? Ne pas faire figurer votre photo. Aucune règle n’y oblige... Et pourquoi pas, franciser momentanément son nom, en modifiant une ou deux lettres, le temps de l’entretien… Personne ne vous le reprochera et il sera toujours temps de modifier.


Utiliser les préjugés à son avantage

Il est aussi possible de "jouer" avec les préjugés. J’ai coaché Léo, un jeune autiste Asperger, élève en école d’ingénieur chimiste. Son père m’avait prévenu que le syndrome qu’il manifestait restait mesuré, mais suffisamment important pour que des personnes non prévenues s’en rendent compte et puissent le desservir lors d’un recrutement.

Ses cinq premiers entretiens s’étaient soldés par des échecs. Léo avait trouvé le dernier entretien plus satisfaisant, car il avait d’emblée annoncé son handicap (de plus, son syndrome est reconnu par la maison du handicap - MDPH). Je lui ai donc proposé de partir sur la base de ce dernier entretien et d’aller un plus loin. La décision finale lui revenait, bien sûr. Voilà comment nous avons procédé.


Utiliser les préjugés des recruteurs

La posture était simple. Il s’agissait de s’appuyer sur les préjugés des recruteurs en matière d’autisme Asperger. Dans l’imaginaire de chacun, recruteurs compris, l’autiste est marqué par deux points singuliers :

1/ Il est beaucoup plus doué que la moyenne dans certaines matières, comme les mathématiques*

2/ Et il a du mal à communiquer avec les autres.


Nous avons donc, d’un commun accord, choisi une posture offensive et dire, dès son pitch de présentation, que :

1/ Léo aimait particulièrement le travail en équipe. Nous avions retenu trois exemples pour appuyer ses dires.

2/ Puis nous avons mis l’accent sur une habileté de Léo : celle de visualiser dans sa tête les molécules en 3D. Exemples à l’appui. Une aptitude précieuse pour un chimiste et dont ses collègues de promo étaient dépourvus.


Récapitulons, nous avons utilisé trois artifices :

1/ La meilleure défense, c’est l’attaque. Nous n’attendons pas qu’un malaise prenne le risque de s'installer, nous prenons les devants.

2/ Nous avons retourné les préjugés pour en faire des points de force. Les capacités cérébrales de Léo et son aptitude à travailler avec les autres.

3/ Nous avons utilisé des exemples pour bien ancrer chaque point dans le réel.


Dans un échange, il est souvent très profitable de s’appuyer sur les préjugés de son interlocuteur et, comme au judo, utiliser sa force, pour le faire basculer du bon côté.


* Le très moyen film Rain Man est passé par là...

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