Doit-on tout dire lors d’un processus de recrutement ? La réponse est bien évidemment : non. Peut-on mentir sur son CV ou lors d’un entretien d’embauche, la réponse est la même : non. Comment se sortir de ce qui apparaît comme une situation insoluble ? En jouant l’équilibriste. Conseils...
J’étais en train de préparer Julien à des entretiens d’embauche. Julien est un expatrié de longue date. Lors de la séance consacrée aux questions, je lui pose la question incontournable : pourquoi souhaitez-vous revenir en France ? Il me répond désarmant de sincérité et de franchise : « l’an prochain mon fils entre en école primaire et je sais que les écoles sont de meilleure qualité en France ».
Julien a probablement raison sur la qualité des écoles et il souhaite vraiment ce qu’il y a de meilleur pour son fils. Mais pour le recruteur qui lui fait face, le fils de Julien est un souci qui vient loin derrière le management de son laboratoire, de sa chaine de production ou de son unité de production.
Une réponse de ce type fait partie des réponses éliminatoires. Aucun responsable ne recrutera un salarié pour faciliter l’accès de son enfant dans une une école de qualité. A moins bien-sûr, que le candidat soit un cadre dirigeant et qu’arrivé au moment des négociations on lui propose un logement dont la localisation facilite l’accès de son enfant à une école renommée.
Toujours lors de la préparation de Julien, je lui demande pourquoi il a quitté le poste précédent. Il m’explique alors qu’il avait un contrat de 3 ans. Contrat qui a été renouvelé de 6 mois par un commun accord et pour effectuer une transition de qualité avec son successeur. Et qu’avant que son successeur n’arrive on lui avait proposé de reconduire son contrat.
Et là Julien vient de rentrer avec un semi-remorque dans un cul de sac. Il ne peut plus avancer ni faire demi-tour, car on va évidemment lui poser la question : pourquoi n’avez-vous pas souhaité renouvelé ce contrat ?
Être transparent ce n'est pas tout dire
En disant qu’on lui propose de le garder trois années supplémentaires, Julien pense que c’est une façon de montrer qu’il a fait du bon travail. Alors qu’avec la question du « pourquoi ? », il risque de se retrouver en déséquilibre et le recruteur peut tout imaginer : impossibilité chronique pour Julien de rester plus de trois ans dans une entreprise, difficultés relationnelles avec son supérieur, ses collègues.
Alors que si Julien s’était arrêté à « j’avais un contrat de 3 ans. Il a été renouvelé de 6 mois, pour facilité le tuilage avec mon successeur ». Il montre toutes les qualités attendues par un supérieur : la qualité de son travail justifie qu’il le partage avec son successeur. Sa disponibilité. Sa loyauté. Alors que la question du « pourquoi ? » risque de fragiliser toutes ces belles qualités.
Lors qu’un entretien, vous devez être transparent. Mais la transparence, ce n’est pas tout dire. C’est dire la vérité, mais s’arrêter juste avant que cette vérité risque de vous faire trébucher voire de se retourner contre vous.
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