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J’ai l’impression que le recruteur a parlé beaucoup plus que moi...

Je propose systématiquement un débriefing après les entretiens d’embauche de mes élèves. Une minorité accepte, car la majorité souhaite attendre la réponse des recruteurs en pensant (passant) à autre chose.

Parmi celles et ceux avec lesquels je débriefe revient souvent la question du temps de parole. Sous la forme, "j’ai eu l’impression de beaucoup trop parler" ou au contraire "j’ai l’impression que les membres du jury ont parlé beaucoup plus que moi. Est-ce bon signe ?". Eclairage...


Le candidat doute aussi du temps qu’à duré l’entretien. "D’après ma montre, il a duré 3/4 d’heure ou une heure, mais j’ai eu l’impression qu’il durait beaucoup plus - ou beaucoup moins - longtemps. Est-ce bon signe ?" Un entretien long ou court, un temps de parole déséquilibré, ne sont par le signe d’un entretien raté ou... réussi.


Je vais éclairer cela en m’appuyant sur les trois points suivants.

- L’écoulement du temps relève d’une perception très subjective.

- "Parlons de moi, il n’y a que cela qui m’intéresse".

- Votre cerveau fatigue plus quand il écoute que lorsqu’il parle.


Le temps, une impression très subjective

C’est un sujet désormais bien documenté dans des études de psychologie expérimentale et depuis longtemps sous forme de réflexions dans la philosophie. Le temps est un principe subjectif, tout le monde l’a expérimenté. Le temps consacré à réaliser quelque chose d’agréable donne la sensation de passer beaucoup plus vite que ce même temps utilisé à faire quelque chose que l’on n’aime pas.


Le cerveau fatigue plus lorsqu'il écoute que lorsque son propriétaire parle

Lorsque que je simule des entretiens d’embauche avec mes élèves, à la fin de l’exercice, ils sont incapables de me donner un temps juste. Que ce soit celui de leur présentation ou celle de la durée totale de l’entretien ou même du nombre de questions que j’ai pu leur poser. Cela peut passer du simple au double. C’est normal, en situation de stress, nos sens sont très souvent bousculés.


Ces deux exemples montrent qu’il ne faut pas vous fiez à votre sensation du temps qui passe en entretien.


« Parlons de moi, il n’y a que cela qui m’intéresse »

Cette locution est beaucoup plus profonde qu’elle n’y parait. Elle nécessite quelques explications et implique un certain nombre de précautions lors d’un entretien d’embauche.

La première chose - nous le savions déjà - c’est que nous sommes tous auto-centrés. Notre petite personne est un des sujets qui nous intéressent le plus.Cela nous fait toujours plaisir de parler de nous, d’entendre parler de nous, de ce que nous faisons ou de ce que nos proches ont fait. Ainsi, certains sont intarissables sur leurs enfants, à tel point qu’il est parfois nécessaire de tenter de changer de sujet.


Votre cerveau fatigue moins quand vous parlez

Au premier abord, cela peut paraître contre-intuitif, mais c’est aussi le résultat d’études et de mesures. Notre cerveau demande plus d’efforts et consomme plus d’énergie quand celui-ci est tourné vers l’écoute. Nous sommes naturellement programmés pour économiser notre énergie, c’est un héritage tiré de notre longue évolution qui vient d’une période où l’accès à l’alimentation pouvait être aléatoire.


Aujourd’hui, cela nous demande plus d’efforts de suivre les explications d’un conférencier que de raconter nos dernières vacances ou même notre journée de travail.


Fort de ces trois constats, nous sommes placés devant un dilemme que les vendeurs connaissent bien. Un bon vendeur doit laisser parler son client. D’abord pour bien cerner son besoin et puis, nous l’avons vu, parce que le client prend plus de plaisir à parler qu’à écouter le vendeur. Il est bien sûr nécessaire de trouver un équilibre pour laisser le temps au vendeur de présenter son produit.


Travailler en amont ce que vous allez dire

Certains spécialistes en marketing avec lesquels j’ai pu échanger parlent d’un rapport de 80/20.

Oui, 80 % du temps de parole pour le client. Dans le cadre d’un entretien d’embauche, 80 % du temps parole, dans un sens ou dans l’autre, me semble un peu excessif. Un 60/40 en faveur du recruteur me paraît plus équilibré.


Bien sûr, vous devez pouvoir parler de vous, de votre parcours, de votre vision de l’exercice de votre activité, mais surtout vous devez veiller à laisser votre interlocuteur s’exprimer. Ce moment d’échanges doit lui paraître agréable, suffisamment pour qu’il ait envie de le prolonger en travaillant avec vous. Et si vous sentez – un ressenti forcément subjectif - qu’il parle trop, laissez-le parler. Le couper, pour parler de vous, serait contre-productif.


Ce qui implique que lorsque vous prenez la parole, celle-ci a bien été travaillée en amont pour apporter de bonnes informations vous concernant dans les étroits créneaux qui vous sont offerts.


Quand vous voulez séduire une personne, que faites-vous ? Monopolisez-vous la parole en ne parlant que de vous ? Non, bien sûr, vous l’écoutez. Vous lui posez des questions sur elle, sans être trop intrusif, évidemment.


Un entretien d’embauche ressemble fort à une entreprise de séduction. Vous devez donner envie au recruteur de prolonger cet entretien duquel il a tiré du plaisir. Le prolonger sous la forme de la continuation du processus de recrutement ou, plus simplement, dans le cadre du poste proposé.


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