Vous êtes timide ? Non, réservé...

Pendant plus de 25 ans, j’ai travaillé pour le service communication d’entreprises appartenant à un groupe industriel international. Très rapidement, j’ai été fasciné par la façon dont le langage et le simple choix d'un mot pouvaient influencer la façon de penser ou d’agir d’un opposant, d'un élu, d'un journaliste. Conseils...

Un simple mot ne donne pas à voir la même chose. Un écoulement n’est pas la même chose qu’une fuite. Les deux signifient bien une perte d’étanchéité, mais dans une fuite, on voit un tuyau percé et un jet de liquide qui s’en échappe avec un débit certain. Alors que dans un écoulement, on devine plus le goutte à goutte d’un liquide.

La portée des deux mots n’est pas la même. Dans l’esprit d’un auditoire ces vocables ne vont pas laisser les mêmes traces. Alors que dans les deux cas, il s’agit pourtant bien d’un contenant qui ne remplit plus sa fonction. Et pour une usine qui manipule des produits sensibles, ce choix peut se révéler important. Et mon rôle de professionnel de la communication était donc d’inciter le directeur à utiliser l’un plutôt que l’’autre.

Vous n'êtes pas timide, mais réservé...

Les mots utilisés lors d’un entretien d’embauche doivent être soupesés avec le même soin. Ils seront choisis suivant la trace que vous souhaitez laisser dans la tête des membres du jury.

Vous pensez être timide ? Alors, je vous proposerai d’utiliser le mot réservé. Ce vocable ne véhicule pas les mêmes sous-entendus, les mêmes images. Là où le timide est paralysé, le réservé est seulement un peu plus en retrait que les autres.

Il ne s’agit pas de mentir à un jury, mais seulement de jouer avec la grande variété de mots à notre disposition et de choisir celui qui dans le conscient et l’inconscient de votre auditoire ne va pas provoquer les mêmes effets. Il va réfléchir à deux fois avant d’embarquer un timide dans son équipe, alors qu’un réservé est une personne qui écoute et sait prendre la parole quand il le faut.

C’est vrai, il existe des timides lourdement pathologiques. Mais il ne leur viendrait pas à l’idée d’envoyer une lettre de motivation et un CV et de prendre ainsi le risque de se retrouver debout sous les regards de membres d’un jury.