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Pourquoi vous choisir vous (... plutôt qu’un autre) ?

Cette question qui n’a aucun sens présente l’avantage de montrer au candidat qu’il a devant lui de recruteurs qui ne savent pas… recruter. Qu’attendent-ils de mettre en évidence avec votre réponse à cette question ? Le savent-ils eux-mêmes ? Mais vous êtes en entretien et l’on vient de vous poser cette question. Qu’allez-vous répondre ? Conseils…


« Pourquoi vous choisir vous ? » est la question qui fait le plus peur aux élèves que je prépare. Cette question revient très souvent lorsque je leur demande de lister les questions qui peuvent tomber et celles qu’ils redoutent.


J’ai fini par la rajouter dans la liste des questions que nous préparons systématiquement.


Pourquoi vous choisir vous ?

Voyons comment aborder cette question et ses réponses possibles. Commençons par poser sa formule courte : « pourquoi vous choisir vous ? », formule qui sous-entend sa forme longue prolongée par « … plutôt qu’un autre ? » Elle le sous-entend si fortement que je vous suggère d’y répondre de la même façon.


Tout d’abord, analysons la question. On vous demande de donner votre avis de façon explicite : « pourquoi vous choisir vous ? » Et sa forme implicite prolongée par « ... plutôt qu’un autre ? ».


Pourquoi personne n’aime cette question, pourquoi met-elle mal à l’aise ? Parce qu’elle inverse les rôles et demande au candidat de porter un jugement sur l’adéquation de son parcours et de ses compétences pour remplir cette nouvelle mission. Elle place le candidat dans la position du recruteur et de façon pernicieuse, parce que ce sont vos compétences que l’on demande de juger.


Une triple charge émotionnelle

Pour compléter cet aspect perturbant, on vous demande de les évaluer par rapport à celles des autres candidats. Des candidats que vous ne connaissez pas.

Si on vous présentait une liste de candidats avec leur parcours et leurs compétences, vous pourriez éventuellement vous prononcer, mais là, c’est une mission impossible.


Vous vous retrouvez devant une triple charge émotionnelle :

- Porter un avis sur vous.

- Vous comparer avec les autres candidats.

- Vous ne disposez d’aucun renseignement sur ces autres candidats.


Alors, comment vous en sortir ?

Votre réponse peut varier suivant la façon dont vous l’avez préparée, suivant l’ambiance de l’entretien, suivant votre capacité à développer des argumentaires à l’oral et suivant le risque que vous êtes prêt à prendre.


Lors d’un prochain article nous aborderons plus précisément cette notion de risque.


En attendant, voici quelques éléments sur cette notion de risque. Toute prise de parole devant autrui, et encore plus lors d’un entretien d’embauche, est une prise de risque. Où êtes-vous prêt à positionner le curseur du risque pendant cet entretien ? Où placez-vous vos enjeux ?


Si ce poste semble taillé sur mesure pour vous, ne prenez pas de risques. Et au contraire, prenez quelques risques si vous sentez que certains profils peuvent mieux faire l’affaire que vous et que vous n’avez donc rien à perdre.


Mettre en avant vos trois forces

Par exemple, une certaine prise de risque consisterait à faire remarquer que cette question est vide de sens (ne le dites pas… mais vous pouvez dire ce qui suit). Qu’elle implique une comparaison avec d’autres candidats que vous ne connaissez pas. Qu’elle nécessite de donner un avis sur sa propre personne et que l’on n’est pas le meilleur juge sur ses propres compétences. Que nous sommes tous susceptibles d’être victimes du biais cognitif dit d’auto-complaisance qui consiste à surévaluer ses propres qualités et à sous-estimer ses défauts.


Mais cette question est l’occasion de remettre en avant vos 3 forces (valeurs ou piliers) que vous avez définis lors de la construction de votre pitch de présentation.


A contrario, si vous ne souhaitez ne prendre aucun risque, votre réponse peut se cantonner à reprendre uniquement vos trois forces. Ce qui peut donner :

« Pourquoi vous choisir vous (... plutôt qu’un autre) ?

- Parce que je compte m’appuyer sur mes trois forces (ou grâce à mes trois forces). Mes trois forces qui sont ma parfaite connaissance du métier, ma polyvalence certaine et mes capacités à travailler en équipe ».


Aller encore plus loin dans votre réponse

Une fois vos trois forces rappelées, celles qui sont les vôtres et celles attendues dans le poste, nous vous invitons à aller chercher une compétence qui n'est pas attendue dans la description du job et à la mettre en avant.

Cette posture peut vous mettre mal à l'aise, mais c'est une prise de risque mesurée, parce que si vous vous cantonnez à une réponse "banale" le recruteur peut se sentir déçu.

Une réponse "banale" est une réponse qui ne répond pas à la question du "pourquoi particulièrement vous et pas un autre ?". Si le recruteur ne l'exprime pas, c'est le mot particulièrement qu'il vous faut entendre et sur lequel il vous faut rebondir.


Exemple de cet analyste financier

Par exemple, nous avons entrainé un élève qui se reconvertissait comme analyste financier. Comme réponse à cette question, nous l'avons incité à mettre en avant son expérience de manager d'équipe et que cette expérience lui permettait de bien savoir communiquer avec les équipes de terrain.


Lors des retours qu'il nous a fait, cet élève nous a dit que sa réponse était très bien appréciée parce que l'entreprise qui recrutait lui a expliqué qu'elle rencontrait exactement ce problème avec des financiers qui ne savaient pas parler aux personnes de terrain.

Pourtant, sur l'offre d'emploi, il n'était pas précisé qu'il fallait être manager ou avoir une expérience managériale, mais cela a marqué un "plus" décisif par rapport aux autres candidats. Cela répondait parfaitement à la question :"pourquoi vous, plus qu'un autre ?".


Voilà comment transformer une question qui peut faire peur en une question qui vous permet avec sa réponse de réaffirmer le message que vous souhaitez faire passer, celui de vos trois forces. Et de profiter pour aller chercher une compétence qui n'apparait pas dans la fiche de poste à laquelle les recruteurs n'avaient pas pensé.


N'oubliez pas que votre objectif est qu’à la fin de journée, après avoir vu plusieurs candidats, les membres du jury se souviennent de vos trois forces… et de ce plus inattendu.


Jean-Marcel & Malik

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