Il peut arriver lors d’un entretien d’embauche que vous vous retrouviez face à des recruteurs qui connaissent moins le sujet qui vous réunit que vous. Comment faire ? Les écraser de votre savoir ? Leur laisser l’impression qu’ils en savent moins que vous. Tenter une difficile voie médiane ? Conseils...
L’entretien vient de commencer. En face de vous, trois personnes. Le supérieur hiérarchique du poste, un membre des ressources humaines et le collègue direct de la personne qui sera recrutée. La présence de ce collègue est une pratique qui a tendance à se généraliser et c’est une bonne chose. Ce collègue est présent essentiellement pour sentir si le courant peut passer vous. Son but n’est pas de vous évaluer professionnellement, mais de percevoir si entre vous deux « ça peut marcher ».
Mais revenons à notre sujet. Cela fait une dizaine de minutes que vous échangez et vous vous rendez compte que vous en connaissez plus sur le sujet qui vous réunit que chacune des trois personnes*.
Les relations humaines sont ainsi faites que l’on ne peut juger le savoir de son interlocuteur uniquement si on en connaît au moins autant que lui sur un même sujet.
Vous vous rendez compte que cette situation peut rapidement devenir instable et désagréable pour l’une des deux parties.
Trois possibilités s’ouvrent alors devant vous :
1/ Soit vous exposez tout votre savoir et implicitement vous démontrez l’insuffisance de celle de vos interlocuteurs.
2/ Soit vous restez en retrait de telle manière à donner l’impression que vous maitrisez moins qu’eux. Ainsi, vous ne prenez pas le risque de les ridiculiser.
3/ Soit vous tentez de jouer à l’équilibriste en essayant de choisir les secteurs où vous dominez manifestement votre sujet et d’autres domaines où vous battez en retraite, laissant la main aux recruteurs.
Les deux premières options sont les plus faciles à tenir. Dans la première posture, vous vous laissez aller et vous poussez le curseur de vos connaissances au maximum.
Dans la seconde vous levez le pied et laissez intentionnellement vos interlocuteurs prendre la main.
Ces deux postures présentent chacune leur risque. La première de passer pour un prétentieux, la seconde de ne pas être au niveau.
Reste la troisième solution que l’on pourrait qualifier de médiane ou d’équilibrée, mais qui, comme toute recherche d’équilibre, est plus difficile à tenir.
Alors, comment faire ?
C’est la nature du poste qui va vous aider à choisir la bonne posture, la bonne stratégie.
Si vous êtes recruté comme expert dans un domaine particulier, comme par exemple mathématicien en calculs de profils de rotors d’hélicoptère, vous n’avez pas le choix, vous devez montrer tout ce que vous savez faire. Et il n’est pas anormal que dans un tel domaine de niche, vous en sachiez plus que votre futur chef.
En revanche, si vous postulez pour rejoindre une équipe d’homologues, de collaborateurs de même niveau, dans une équipe d’agents d’assurance, par exemple, il est peut-être judicieux de ne pas écraser par votre savoir l’équipe de recruteurs. Elle pourrait prendre peur de choisir une personne susceptible de se détacher du reste de l’équipe par ses compétences .
Comme dans beaucoup de domaines, la solution médiane, celle de l’équilibre, est souvent la meilleure. C’est aussi la plus difficile à tenir.
Reprenons. Vous vous êtes rendu compte que vos compétences sont supérieures à celles des recruteurs. Vous avez décidé de jouer l’équilibre. Vous allez donc alterner vos réponses de manière à donner à l’ensemble un effet d’équilibre. Vous vous donnez à fond sur certaines réponses. Par exemple pour les questions de personnalité et de travail en équipe. Vous allez lever le pied pour celles liées à votre coeur de métier. L’idée est de laisser l’impression d’un futur collaborateur qui maitrise son sujet, qui ne cherche pas à dominer les autres et qui joue l’esprit d’équipe. Vous allez, comme disaient les anciens, faire l'âne pour avoir du son...
* Evacuons d’emblée le cas où c’est un cabinet de recrutement qui fait office de premier filtre.
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